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Inde : Commémoration des victimes de l’Holocauste à New Delhi : D’un « démarrage confidentiel » à un « rendez-vous à ne pas manquer »

Les premières commémorations des victimes de l’Holocauste ont été organisées à New Delhi en 2012 par deux seuls acteurs : l’Alliance Française de Delhi et le Centre d’information des Nations Unis. Une décennie plus tard, elles sont à présent inscrites sur l’agenda diplomatique de la Capitale indienne, notamment grâce au travail effectué par ces deux institutions pour en accroître la visibilité.

Depuis maintenant deux ans, la Commémoration de l’Holocauste se déroule à New Delhi en ligne, ce qui certes rend plus compliquée l’organisation, mais permet par ailleurs de toucher un public de plus en plus large, en étalant les évènements sur plusieurs jours.

Un bref historique rend compte du travail qui a été effectué pour parvenir à ce résultat.

En 2012, six ans après la résolution de l’ONU décidant de commémorer la Mémoire de l’Holocauste tous les 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz par l’armée soviétique, l’Alliance française de Delhi (AFD) a organisé les premiers évènements publics, tout d’abord avec la seule collaboration du Centre d’Information des Nations Unis (UNIC).

A l’occasion de cette toute première commémoration, à laquelle les ambassadeurs de France et d’Israël, ainsi que des personnalités comme le Dr Shashi Tharoor, ont participé, il a été décidé de faire de cet événement un rendez-vous annuel, et d’augmenter sa visibilité internationale et indienne.

Ainsi, pour les trois éditions suivantes, ces deux premières ambassades ont été rejointes à partir de 2016, par celles des États-Unis, d’Autriche et de Pologne, puis en 2017 par les ambassades allemande et grecque, en 2018 par le Haut-Commissariat britannique ainsi que les représentations diplomatiques tchèque, japonaise, portugaise, espagnole et suédoise.

En 2019, pour la première fois, un membre du gouvernement indien, Monsieur Hardeep Singh Puri, ministère du logement et de l’urbanisme, a participé aux commémorations officielles, auxquelles, se sont associées alors les ambassades de Belgique, du Danemark, de Finlande, d’Hongrie, des Pays-Bas, de Lituanie, de Turquie et d’Ukraine.

Comme indiqué en introduction, les deux dernières éditions se sont déroulées en ligne et le nombre de pays participants a augmenté, avec la présence de la Fédération de Russie, de la Bulgarie, du Luxembourg, de la Slovaquie, et de la Suisse, ainsi que les représentations de l’Union Européenne et de l’Unesco.

La genèse de cette coopération dans un premier temps non-étatique s’explique par le fait que si ces commémorations sont évidentes dans de nombreux pays, notamment européens, l’Inde, même si elle a été impliquée dans le conflit de la Seconde Guerre Mondiale puisque faisant intégralement partie de l’Empire britannique, a été épargnée géopolitiquement par la Shoah. Cette journée internationale n’a donc pas été immédiatement signalée sur les calendriers ni du gouvernement indien ni sur ceux de beaucoup de représentations diplomatiques présentes dans la capitale.

On s’aperçoit toutefois que dix ans plus tard, le contexte a évolué : cette année, non seulement une Ministre éminente du Gouvernement indien, Madame Smriti Irani, Ministre des Femmes et de la Famille, s’est exprimée aux côtés des Ambassadeurs israélien et allemand, en évoquant notamment la situation de la communauté juive dans le pays, mais plus de vingt ambassades ont apporté leur soutien officiel à ces commémorations, aux côtés des agences onusiennes et européennes.

L’événement officiel du 31 janvier a été introduit par le représentant de l’Alliance Française de Delhi qui dans son discours (disponible ici) a mis l’accent tout d’abord sur la nécessité de l’apprentissage d’une véritable pensée critique chez les élèves, puis ensuite sur le fait que l’enseignement de l’Histoire ne doit ni devenir un sujet secondaire dans les programmes scolaires -notamment lorsque des millions d’élèves indiens, après deux ans d’enseignement  très souvent erratique, s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école, ni devenir un instrument politique, à l’heure de la résurgence des nationalismes à travers le Monde.

Avant cette occasion chargée d’émotion, deux autres évènements ont été organisés, toujours pilotés par l’AFD et UNIC.

Le premier, le 27 janvier, a réuni en ligne plus 300 élèves venus de trente établissements scolaires indiens, qui après une introduction par le représentant de l’UNESCO, ont pu discuter avec des panelistes, responsable culturels européens présents dans la capitale indienne, notamment allemand, belge et bien entendu français. Beaucoup de questions émanant des élèves ont concerné les responsabilités individuelles et collectives du génocide, le rôle de la machine étatique qui a permis son avènement, l’attitude des populations juives, la réaction des pays occidentaux, … Cet échange d’une heure trente a permis de se rendre compte que si la Shoah suscite une grande curiosité, elle semble toutefois très peu connue au sein de cette jeune génération.

Le second événement, cofinancé par l’Institut français en Inde et l’Alliance française de Delhi, a été organisé le lendemain 28 janvier. Le film français ‘Trop d’Amour’ de la réalisatrice Frankie Wallach a été diffusé sur une plateforme dédiée, la 25ième heure : fascinée par sa grand-mère, rescapée des Camps de la Mort, la jeune femme de 25 ans décide de tourner un film pour recueillir son témoignage, très vite cette œuvre, entre la fiction et le docufiction, analyse les conséquences, notamment psychologiques, sur les enfants et les petits-enfants de cette femme, à la fois simple et extraordinaire. Une discussion entre Mme Wallach et une Conseillère de l’Ambassade d’Israël a précédé le film qui a ensuite été suivi d’un entretien de trente minutes entre les 120 spectateurs et la réalisatrice. Retrouvez la bande-annonce ici.

L’exemple de ces commémorations, et la façon dont elles ont évolué au cours de la dernière décennie, illustre l’importance des initiatives portées par un acteur culturel comme l’AFD, possédant une double identité : centre franco-indien organiquement lié à notre poste diplomatique et association de droit local.

Ces initiatives démontrent comment, même dans une Capitale de l’importance de New Delhi, une telle institution participe pleinement à la diplomatie d’influence française.