L’Ulsan Art Fair du 05 au 08 juin 2025 : Quand l’art français rencontre l’âme coréenne – Une exposition pionnière
L’Ulsan International Art Fair (UiAF) 2025 marque les esprits avec une exposition sans précédent, fruit d’une collaboration singulière avec l’Alliance Française de Busan. Sous l’intitulé « UiAF French Cultural Exchange Special Exhibition », cette initiative met en lumière le travail de huit artistes français résidant en Corée, se posant comme de véritables témoins de l’empreinte culturelle française sur la péninsule. Une première en son genre, cette exposition offre une immersion dans l’esthétique française contemporaine, tout en révélant la profonde influence de la Corée sur la création de ces artistes.
Le programme, qui affirme avec force que « l’art transcende le langage », promet une « expérience culturelle raffinée qui jette des ponts entre les générations ». Au-delà de la simple présentation d’œuvres, cette exposition invite les visiteurs à découvrir comment la Corée, riche de ses paysages et de ses mutations, est devenue une source d’inspiration inépuisable et un terreau pour ces créateurs.
C’est ainsi que huit ambassadeurs artistiques ont collectivement répondu présent à l’appel de l’Alliance Française de Busan. Ces huit artistes se sont mobilisés pour être les vecteurs de la culture française au sein d’un espace de 96m2, chacun offrant un regard unique sur la Corée et ses résonances dans leur œuvre.
Célia Brisot et Kämy Dobi ont collaboré sur un projet artistique commun centré sur le thème du thé, un élément fondamental de la culture coréenne. Elles capturent la lumière et le mouvement des saisons dans des lieux emblématiques comme le temple de Gucheungam. Témoin de la sérénité des paysages coréens, elle exprime la « magie » et le « silence » des instants fugaces. Les aquarelles de Célia et les gravures de Kämy Dobi témoignent de cette rencontre artistique et spirituelle profonde autour du thé.
De son côté, la photographe Elodie Catherine, par ses clichés de paysages, d’espaces ouverts, nous livre le reflet de ses voyages et de son regard sur le monde. Son œuvre « The Alps Beneath the Snow » invite à la contemplation d’une « tranquille force » émanant de ces « géants endormis », une méditation sur la puissance de la nature qui trouve d’étonnants échos dans la majesté des paysages coréens. Ce dialogue avec le territoire se poursuit avec Tim Franco, photographe franco-polonais, qui s’intéresse aux « individus naviguant l’identité, la transformation et le déplacement ». Sa série « Relics », réalisée à partir de photographies en noir et blanc transférées sur des débris de bois, de verre ou de tuiles, documente la disparition du quartier de Bogwang-dong à Séoul. Tim Franco interroge avec acuité ce que la ville « démantèle de son passé en quête de progrès », posant la question fondamentale : « qu’est-ce qui reste quand tout change ? ». Un témoignage puissant de la mutation urbaine rapide en Corée.
L’empreinte coréenne est également manifeste dans l’œuvre de Zoé Constans. Son œuvre « Life and death, coexistence », dessinée au stylo, reflète sa capacité à observer et capturer la coexistence de la vie et de la mort, une thématique universelle qui prend une résonance particulière dans la culture coréenne, souvent empreinte de philosophie et de respect pour la nature. Quant à Emmanuel L.M. Wolfs, designer et artiste belge, il questionne les liens complexes entre la société, la nature, la culture et l’industrie. Son œuvre « A Voice (bright patina) », une série de poings levés en bronze, est une exploration sculpturale de ce symbole universel de « solidarité et de résistance ». En se basant à la fois à Pékin et à Séoul, Wolfs tisse des « questions forgées dans des contextes culturels européens et asiatiques », invitant à reconsidérer les frontières entre le naturel et le construit dans un dialogue interculturel.
Les médiums plus contemporains ne sont pas en reste. Jean-Julien Pous, vidéaste, explore les « frontières du corps, de la mémoire et de la disparition à travers l’image en mouvement ». Son travail, y compris des séries présentées au Musée National de Corée, témoigne d’une « esthétique des seuils » favorisant la lenteur et la suspension. Son film « A Collector’s Mind » est une « recherche de réponses aux tourments existentiels de l’âme humaine », un thème qui résonne profondément avec la spiritualité et la philosophie asiatique. Enfin, Sébastien Simon, avec son docu-fiction « The Old, The New and The Other », tourné en 3D numérique, aborde la gentrification d’un ancien village de pêcheurs à Busan, Mipo. Mêlant aussi des images filmées en pellicule Super 8mm et des photographies stéréoscopiques de Busan datant du début du 20ème siècle, ce film est une « réflexion sur le passage du temps », tant au niveau urbain qu’en matière de techniques cinématographiques. Son œuvre est un regard perçant sur les transformations sociétales et urbaines de la Corée.
Ces huit artistes, témoins privilégiés, se sont mobilisés durant quatre jours intenses, échangeant leurs points de vue avec les visiteurs et partageant leurs réflexions lors d’une conférence dédiée. Cet événement a mis en lumière leur passion artistique, leur esthétisme singulier et leur profond attachement à la Corée. Leur générosité et leur engagement ont rendu possible ce rendez-vous exceptionnel, créant une véritable bulle de créativité française au cœur de cette foire internationale.
Ainsi, cette exposition à l’Ulsan Art Fair 2025 est apparue comme un événement majeur, non seulement pour la promotion de l’art français en Corée, mais aussi comme une plateforme unique où des artistes français, imprégnés par leur expérience de vie dans ce pays, ont partagé leurs visions, leurs réflexions et leurs interprétations d’une Corée en constante évolution. Ce fut une véritable célébration du dialogue interculturel à travers le prisme de la création artistique.