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L’Alliance Française de Cayenne, acteur des politiques de cohésion sociale en Guyane française

Au cours de l’été dernier, les apprenants de l’Alliance Française de Cayenne ont participé au salon de l’alternance, organisé par le MEDEF de Guyane. Cette activité s’inscrit dans le cadre du dispositif de formation « langue française et employabilité » financé par le fonds social européen pour la 3e année consécutive. Il donne lieu à la mise en place d’un projet professionnel pour chacun des bénéficiaires d’un programme de 250 heures de formation. Les stagiaires sont amenés à construire leur projet au travers de rencontres avec des référents métiers, des futurs employeurs et des acteurs économiques de la Guyane française, mais également par la recherche de formations qualifiantes, en se préparant aux épreuves d’entrée en formation ou en constituant un dossier de validation d’acquis et de compétences afin de faire valoir leurs diplômes obtenus dans leurs pays d’origine.

Cette notion de projet personnel ou professionnel se présente comme un support essentiel pour donner du sens à l’apprentissage. La formation prévoit également de répondre à un certain nombre de freins qui entravent l’insertion sociale et l’employabilité. Il s’agira de renforcer les compétences numérique et linguistique, mais également de développer les compétences pragmatiques et les savoir-être que le candidat devra mobiliser dans sa recherche d’emploi ou de formation qualifiante en vue d’une insertion durable sur le marché du travail.

Dans une société guyanaise traversée par la pluralité des langues et des cultures, l’accès à la formation et à l’information dépend en grande partie de la maîtrise de la langue française et plus largement des savoirs de base.

En effet, la Guyane française constitue un véritable creusé linguistique. Une vingtaine de langues sont parlées quotidiennement par des groupes qui représentent au moins un pour cent de la population globale. On retrouve en premier lieu les langues d’origine, qui sont celles parlées par les six peuples amérindiens présents en Guyane : l’arawak, le teko, le kali’na, le palikur, le wayana et le wayampi. On retrouve ensuite les langues créoles à base lexicale française comme le créole guyanais, d’Haïti et de Sainte-Lucie ; ainsi que celles à base lexicale anglaise comme le aluku, le ndyuka, le pamaka, le sranan tongo et le saammaka (portugais et anglais). Les langues asiatiques sont également présentes avec le hakka, le hmong et le cantonais. Enfin, s’ajoutent à ce panorama, la langue arabe (dialecte syro-libanais) et celles d’origine européenne issues d’une migration régionale plus récente, comme le portugais du Brésil, l’anglais du Guyana, le néerlandais du Suriname et l’espagnol (Cuba, Colombie, Pérou, République Dominicaine).

Bien que le français soit la langue officielle et la langue de l’école, au regard de ce tableau linguistique, elle n’est la langue maternelle que pour une minorité de la population. Cela laisse présager des difficultés d’intégration socio-éducative auxquelles les populations non-francophones doivent faire face depuis l’enfance. De la même manière, il est nécessaire de considérer les importants flux migratoires. En effet, près de trente-cinq pour cent de la population est de nationalité étrangère. Les personnes issues de récentes vagues causées par l’instabilité politique et sociale des pays voisins (Guyana, Suriname, République Dominicaine, Haïti) sont bien souvent en situation d’illettrisme et d’analphabétisme en raison de conditions difficiles de scolarisation dans leurs pays.

Dans ce contexte, la question de la lutte contre la pauvreté et l’illettrisme, l’enseignement des savoirs de base et de la langue française sont des enjeux centraux et prioritaires de l’Etat qui déploie divers dispositifs en s’appuyant sur le monde associatif et les organismes de formation.

Ainsi, en répondant régulièrement aux appels à projets des marchés publics, l’Alliance Française de Cayenne contribue aux politiques publiques d’intégration et de cohésion sociale de la Guyane en développant des dispositifs de formation à destination des populations les plus fragilisées sur le plan éducatif, linguistique et social, qui partagent tous le besoin de maîtrise du français pour pérenniser leurs situations sur le territoire national.

On pourra citer parmi ces actions : un dispositif de formation linguistique dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté porté par la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) ; le programme régional d’intégration des populations immigrées destiné aux primo-arrivants signataires du contrat d’intégration républicaine (CIR) en collaboration avec l’OFII et la Préfecture de Guyane ; le programme régional de formation de base (alphabétisation et savoirs de base) porté également par la CTG ; et dans le cadre de la politique de la ville de Cayenne, des ateliers de formation destinés aux parents d’élèves scolarisés ainsi que des actions de soutien scolaire pour les enfants en situation de décrochage.

Alexandre Guillochon, directeur de l’Alliance Française de Cayenne