Fondation des Alliances Françaises»Alliances Françaises dans le monde»Actualité de la zone»Amérique latine - Caraïbes»Histoire sur l’amitié Franco-équatorienne et la route française à Cuenca

Amérique latine - Caraïbes

Histoire sur l’amitié Franco-équatorienne et la route française à Cuenca

Les liens qui unissent la France et l’Équateur sont très anciens, notamment avec la ville de Cuenca. Cependant, il existe de nombreux épisodes de cette histoire qui sont inconnus. La mission géodésique française, arrivée dans ce pays en 1736, est sans aucun doute l’un des événements les plus mémorables. C’est qu’à cette époque, entreprendre une mission de cette envergure n’était pas une tâche facile. Par ailleurs, les scientifiques français (La Condamine, Bouguer, Godin, De Jussieu) ont laissé un héritage essentiel pour notre histoire universelle à court, moyen et long terme: la mesure de l’arc du méridien, les fondements du système métrique décimal actuel ou encore la découverte du caoutchouc et de la quinine pour lutter contre le paludisme.

Mais cette histoire partagée ne se limite pas aux missions géodésiques. Le projet de protectorat français en Équateur est moins connu. Cette initiative, proposée en 1859 par le président équatorien García Moreno au représentant de l’empereur Napoléon III accrédité à Quito, n’a jamais prospéré. Cependant, il a été possible d’identifier plusieurs communications par lettres officielles avec le Second Empire français, dans lesquelles García Moreno demandait la mise en place d’un protectorat qui pourrait couvrir les pays voisins et devenir ensuite une monarchie andine. Finalement, l’empereur français a refusé l’offre en termes évasifs et diplomatiques.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’Équateur et de nombreux pays de la région se caractérisaient par leur admiration pour la culture française et il était courant que les notables envoient leurs enfants étudier à Paris. En Équateur, deux présidents de lignes politiques différentes ont été formés en France, Garcia Moreno et Rocafuerte. De nombreux membres de cette élite culturelle savaient lire et traduire le français, ce qui leur a permis d’être de fervents lecteurs des Encyclopédistes. Les familles les plus aisées pouvaient se permettre d’embaucher un professeur de français privé. Ce fut le cas particulier de Rocafuerte, qui commença à enseigner le français à son retour d’Europe.

De même, le système éducatif équatorien a été fortement influencé par le système français. Dès le début de la République, le président Rocafuerte a tenté de poser les premières pierres d’un système éducatif national, cela s’est matérialisé par le premier décret en 1839, d’instruction publique. C’est également à cette période que les premiers manuels d’enseignement du français apparaissent. Plus tard, Garcia Moreno, qui connaissait très bien le système éducatif français, a sélectionné le meilleur et l’a adapté aux besoins de l’Équateur. Afin de mener à bien son projet, conformément à ses idées politiques et morales, il entreprit une négociation pour la venue en Équateur de congrégations religieuses françaises telles que les Frères des Écoles Chrétiennes, pour  prendre en charge l’enseignement primaire des garçons et des religieuses du Sacré-Cœur pour l’éducation primaire des filles. Et c’est ainsi que l’enseignement du français s’est installé en Équateur pendant plusieurs décennies.

Ces liens d’amitié ont continué à s’exprimer à travers le temps jusqu’à ce jour. A Cuenca, cet héritage a perduré grâce aux institutions franco-équatoriennes telles que: l’école Joseph de Jussieu, l’Alliance française, Radio France Internationale, le consulat honoraire de France et avec une communauté de près de 200 Français. En 2016, la Route française de Cuenca a été inaugurée. Elle permet de parcourir 17 lieux touristiques de la ville caractérisés par la présence française. Cette promenade dans le centre de Cuenca permet de découvrir les traces de la première rencontre entre ces deux cultures lorsque la première mission géodésique française est arrivée à Cuenca. C’est aussi un moyen d’explorer comment cette relation a changé la face coloniale de Cuenca. Cette route française est plus qu’une promenade touristique. C’est un voyage à travers le temps et l’espace pour profiter de l’histoire locale, d’expériences de vie, d’anecdotes, de beauté et de traditions.

Cette année, cet héritage a repris vie avec deux événements qui ont rassemblé plus de 500 personnes: le reboisement du Francés Urco ou colline française et une promenade à la colline Pillachiquir pour placer une plaque commémorant la première mission géodésique en présence de l’ambassadeur de France.

 

Guide de la route française en version digitale >>

 

Antoine Lissorgues, directeur, Alliance Française de Cuenca

Août 2020