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Témoignage, service civique «Où pars-tu ?… en Egypte !»

« Depuis début octobre 2017 et jusque septembre 2018, je suis en service civique à l’Alliance Française de Port-Saïd en Egypte, association égyptienne installée dans son territoire depuis près de 30 ans et ayant pour mission principale de promouvoir la francophonie. 

Port-Saïd est une ville très récente au regard de l’origine millénaire de la civilisation pharaonique. Elle est pourtant riche d’enjeux pour l’histoire de l’Egypte, car elle est née avec le Canal de Suez, mythique passage entre la mer rouge et la mer méditerranée qui permet de faire se rejoindre la mer Rouge et la mer Méditerranée sans devoir contourner l’ensemble du continent africain. C’est également une ville côtière à taille humaine, chaleureuse et pleine de potentiel !

Lorsque je suis arrivée, j’ignorais ce qu’impliqueraient concrètement mes missions. Ma première semaine fut intense et j’ai vite dû m’adapter au rythme de travail ainsi qu’à la vie « à l’égyptienne » ! Sans l’ambiance familiale de l’Alliance Française de Port-Saïd et l’hospitalité des Égyptiens que j’ai rencontrés, m’adapter aurait certainement été beaucoup plus compliqué. Ce serait extrêmement ethnocentriste, inutile et contre-productif de faire ici toute comparaison avec la vie en France. Je peux néanmoins affirmer sans honte que vivre en Egypte a joyeusement déconstruit les préjugés et inquiétudes conscients et inconscients que j’avais avant mon départ. Certes, la vie quotidienne, la vision du monde, les aspirations de la jeunesse, le travail, tout ceci est différent, mais ce n’est ni meilleur ni mauvais ; c’est tout simplement différent, et je dirais à tous les curieux de ne pas écouter leurs appréhensions et de venir simplement le découvrir !

Ma mission principale est d’animer des activités pédagogiques avec les écoles de Port-Saïd. L’idée est d’apporter un soutien aux professeurs et non de les remplacer. Je fais ainsi découvrir des jeux très français comme le jeu des 7 familles pour lequel le vocabulaire doit avoir été acquis au préalable. Les activités sont là pour rendre vivant l’apprentissage de la langue. D’autre part, celles-ci sont à très bas coût ce qui permet de toucher un nombre important d’écoles au profil varié : non seulement les écoles bilingues mais également et surtout les écoles gouvernementales où le français n’est plus aujourd’hui qu’une option au même titre que la musique ou le sport. Cet aspect égalitaire fait partie intégrante de la politique de l’Alliance Française de Port-Saïd, et je le trouve fondamental pour le maintien de la francophonie en Egypte.

Outre la médiation scolaire, j’ai eu l’occasion au premier semestre d’animer un atelier de conversation orale B1 autour de thèmes d’actualités comme le harcèlement ainsi que des ateliers de conversations WhatsApp qui entrent dans la volonté globale des Alliances Françaises du monde de moderniser et dynamiser l’enseignement du FLE en utilisant les ressources numériques. J’ai également donné des cours privés de préparation au DALF C1 et des cours d’alphabétisation à une adulte francophone. De plus, je suis chargée du club lecture francophone et d’un atelier lecture de contes.

Par ailleurs, plusieurs évènements annuels rythment le monde de la francophonie : Semaine de la langue française au mois de mars, Fête de la Science en avril, Journées du patrimoine en septembre etc. Ma mission est également de les mettre en œuvre à l’Alliance Française de Port-Saïd, ce qui me permet de travailler avec des partenaires variés, comme une étudiante en sciences du monde marin pour la fête de la science ou l’inspectrice générale du français à Port-Saïd pour la semaine de la langue française.

Dans le cadre de la Semaine de la langue française et notamment pour mettre en valeur l’opération « Dis-moi dix mots », j’ai par exemple créé un Concours de griots. Le mot « griot » fait partie des dix mots choisis pour l’opération 2018. En cherchant sa définition, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une caste de conteurs et musiciens d’Afrique de l’ouest. Ils sont à leur manière éducateurs, historiens et représentent la mémoire vive de leur communauté, à travers une riche tradition orale. Leur parole a une grande valeur mais risque de se perdre et avec elle, les enseignements transmis dans chaque histoire racontée. Avec la disparition d’un griot c’est donc tout un pan du patrimoine d’une communauté qui disparait avec lui. C’est l’importance de cette valeur patrimoniale qui m’a donné l’idée du concours. Ce qui me tient à cœur, c’est de raviver l’histoire locale égyptienne mais également de la sauvegarder : les participants au concours doivent en effet rendre un conte rédigé et illustré dont la morale porte les valeurs de l’Alliance Française et qui doit conteni au moins cinq des dix mots choisis pour l’opération « Dis-moi dix mots ».

C’est en écrivant mes missions que je réalise seulement à quel point elles sont diversifiées ! A travers celles-ci je me découvre une passion pour l’enseignement et ses multiples variables, j’apprends à communiquer au-delà des mots, à faire preuve de plus de patience, d’attention et d’écoute de l’autre, à travailler en équipe, mais également à développer mes capacités d’adaptation aux différents publics fréquentant l’Alliance Française de Port-Saïd. Mon témoignage reste cependant nécessairement partiel car mon service civique n’est pas terminé, de même, je n’ai pas encore suffisamment de recul pour pouvoir comprendre ce que cette expérience est en train de changer en moi.

Je conclurai cependant en affirmant que ma plus belle découverte lors de ce service civique est l’interculturalité omniprésente et enrichissante que génère la francophonie. Une interculturalité qui me surprend sans cesse, me permet de me remettre en question et de me questionner sur la personne que je souhaite devenir. »

Océane Vincent,23 ans, étudiante en égyptologie, volontaire en service civique à l’Alliance Française de Port-Saïd