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[ÉCORESPONSABILITÉ] Les volontaires français à l’Alliance Française de Ploiești, Roumanie

Les volontaires français à l’Alliance Française de Ploiești

Sur la trame d’un contexte international de plus en plus tendu, les liens tissés à l’échelle mondiale par les Alliances Françaises et les organisations/institutions partenaires représentent indéniablement un maillon essentiel de la perpétuation de la paix globale.

Depuis 2017, un partenariat entre l’association Roumanie – Sud Deux-Sèvres (RSDS), la Bêta-Pi et l’Alliance Française de Ploiești permet une coopération durable sur la totalité des paliers mis en avant par la Francophonie. RSDS, créée en décembre 1989, a pour principaux objectifs une solidarité durable avec le peuple Roumain et la défense de la francophonie dans tous les territoires d’immersion. Née en 1997, la Bêta-Pi est une association d’éducation populaire, de vulgarisation scientifique et d’éducation à la citoyenneté, dont RSDS est déjà devenu un partenaire traditionnel pour les actions en Roumanie. Ses activités visent quatre axes thématiques: bricolages et techniques, sciences, éducation à l’environnement et au développement durable, numérique et électronique.

Au niveau socio-culturel, ce partenariat se matérialise chaque année par la présence à l’Alliance Française de Ploiești, pour une mission de plusieurs mois, de volontaires français du service civique. Les deux stagiaires sont formés quelques mois à Melle pour l’animation, ainsi que pour découvrir certaines coutumes locales et se familiariser avec les enjeux linguistiques de base de la langue roumaine. Puis ils assurent en Roumanie des interventions et des activités éducatives relatives à la promotion de la francophonie, notamment auprès des publics jeunes et des enseignants-formateurs.

Parallèlement, RSDS a entrepris en Roumanie d’autres actions concernant le renforcement de la coopération culturelle, avec un souci particulier dirigé vers l’amélioration des conditions et des possibilités de l’implémentation des structures francophones dans l’enseignement roumain: des échanges fondés sur la formation des professionnels (enseignants, agriculteurs, vétérinaires), sur les échanges d’élèves entre écoles, collèges et lycées; l’organisation d’écoles d’été dans des villages roumains de Hunedoara et de Cocorăștii Colț ; l’accueil d’étudiants de l’Université Politehnica de Bucarest (plus de 150 à ce jour) pour des stages d’un mois en entreprise ou pour des stages Erasmus.

Cette année, Morgan (24 ans) et Mathieu (19 ans) sont les deux volontaires français sélectionnés afin de valider la continuité de ce partenariat de pleine satisfaction pour toutes les parties impliquées. Originaire de la ville de Lyon, Morgan vient de poursuivre ses études d’ingénieur; ce dont il raffole, c’est de connaître de nouvelles personnes et d’immerger dans des cultures différentes. Mathieu, quant à lui, est issu de Guéret, sortant d’un bac pro Électricité (MELEC), lui aussi amateur de découvrir des pays et des langues étrangères. Pour lui, la Roumanie n’est pas du tout un pays étranger : en 2023, il a étudié pendant trois mois à Timişoara, dans l’ouest du pays, dans le cadre d’un projet Erasmus organisé par la région Nouvelle-Aquitaine. Maintenant ils viennent de s’embarquer dans une autre aventure dans le seul pays d’origine latine de l’Europe d’Est. Le but de leur séjour à Ploiești ? Proposer un projet d’animation socioculturel francophone. Les deux volontaires espèrent pouvoir profiter de leur séjour à Ploiești pour découvrir aussi la culture roumaine.

 

 


INTERVIEW


1. Essayons de revisiter la notion d’ «écoresponsabilité», une des branches les plus importantes de l’activité de la Bêta-Pi, l’association dans le cadre de laquelle vous avez accompli votre formation en vue du stage effectué en Roumanie. Que signifie être «écoresponsable», selon vous ? Comment est-ce que les jeunes de votre âge pourraient-ils parvenir à comprendre d’une manière judicieuse ce terme ?

Selon nous, être écoresponsables, c’est avoir un comportement qui est respectueux de l’environnement dans la vie de tous les jours. Cela se traduit par des gestes simples, allant du tri des déchets, l’achat des produits locaux et de saison, ou encore favoriser les transports en commun et le vélo.

Nous pensons que pour comprendre ce terme il faut sensibiliser les jeunes dès le plus jeune âge possible. Pour atteindre cet objectif, il est également utile d’employer des moyens ludiques, comme la réalisation des expériences à l’école, des jeux, des exemples concrets… De nombreux supports peuvent être utilisés afin de mieux assimiler l’écoresponsabilité, notamment des films, des vidéos, des podcasts, des outils qui attirent la jeune génération.

2. Vous êtes issus de France, un pays de plus en plus soucieux aux dégâts climatiques et aux mesures qui s’imposent pour limiter l’impact de ces conséquences. Quel est le rapport des jeunes français à l’identité d’écoresponsables qu’ils sont censés assumer ?

Nous trouvons que de plus en plus de jeunes français ont conscience des différents enjeux climatiques auxquels notre société fait face. Cela est dû à la mise en pratique des différents moyens pour sensibiliser les jeunes, ainsi qu’à l’apparition, malheureusement, des premières conséquences directes du changement climatique. Par exemple, il y a des jeunes français qui refusent de prendre l’avion ; en revanche, ils voyagent le plus souvent en train ou en bus. Malgré la longue durée des trajets, cette façon de se déplacer leur permet d’œuvrer pour la conservation de l’environnement et de faire entendre nettement leur position contre le degré inquiétant de pollution produit par les avions.

3. Cela fait déjà environ deux mois depuis le début de votre séjour en Roumanie. Quelles sont les premières impressions que vous gardez à l’égard du peuple roumain, de la langue, des coutumes locales ? Trouvez-vous que les jeunes roumains aient gagné ce sens de l’écoresponsabilité qui fait le buzz à l’heure actuelle ?

Nous pensons que la Roumanie est un pays tout à fait fabuleux dans le sens que ce dernier possède deux façons de vivre assez opposées: la première, c’est celle des gens des grandes villes dites capitalisées ; à l’inverse, c’est celle des campagnes où règne encore l’authenticité liée à de nombreuses traditions locales. Nous avons été agréablement surpris aussi par l’hospitalité du peuple roumain. Celui-ci a toujours été très accueillant et bienveillant envers nous.

On observe que le sens de l’écoresponsabilité commence à avoir une place dans le pays. Une des mesures que nous trouvons particulièrement inspirante est le principe des «box» permettant de recycler les bouteilles en plastique en contrepartie d’une légère compensation financière.

4. Comment comprenez-vous les devoirs des citoyens écoresponsables ?

Le devoir d’un citoyen écoresponsable est avant tout celui de respecter les lois environnementales statuées par les autorités de son pays, pas nécessairement de peur de se voir attribuer une contravention, mais surtout en raison de sa moralité, de son respect envers le milieu. De même, un citoyen écoresponsable est capable de protéger l’environnement au quotidien, dans ses activités de tous les jours, mais aussi de s’informer continuellement à partir des sources fiables et de sensibiliser à son tour ses concitoyens.

5. À votre avis, quelles pourraient être les mesures concrètes afin de sensibiliser les jeunes aux enjeux soulevés par l’écoresponsabilité ?

Plusieurs mesures concrètes peuvent être mises en place dans les écoles, dans les centres de loisir ou de manière globale dans les différents accueils collectifs de mineurs, comme le déroulement des projets écologiques (la création d’un potager ou du compost, par exemple), des défis entraînant des récompenses (une semaine sans plastique) ou des rencontres avec des acteurs du milieu écologique dans la personne des agriculteurs.

6. Un pilier important de votre mission au sein de l’Alliance Française de Ploiești concerne les activités et les projets déroulés dans les écoles ou en plein air, auprès des élèves et des étudiants du département de Prahova et des régions voisines. Est-ce que vous envisagez d’intégrer dans votre programme de diffusion de l’esprit francophone des activités liées à l’idée d’écoresponsabilité ?

En effet, dans le cadre de notre mission nous proposons certes des animations «classiques», mais aussi des activités liées à l’écoresponsabilité. Par exemple, nous avons été chargés de réaliser une animation dans le cadre du programme national la Semaine Verte, déroulé dans les écoles et les lycées roumains; il s’agit d’une semaine dédiée entièrement à l’écologie et à la sensibilisation des élèves à la nécessité de protéger notre planète. Dans le cadre de cette semaine, nous avons réalisé une activité sur le tri sélectif dans une école de Râmnicu Sărat. Dans un premier temps, nous leur avons expliqué comment faire le tri des déchets avec différentes poubelles et, après, nous avons réalisé un jeu où chaque groupe d’élèves avait des images représentant différents types de déchets. L’objectif était de les mettre dans les poubelles adéquates. La plupart des élèves avaient bien compris les différences entre les types de poubelles et la majorité des déchets ont été bien placés, ce qui ne peut que renforcer notre optimisme quant à un avenir écoresponsable.

7. Je vous invite maintenant à faire un petit exercice d’imagination! Décrivez une invention qui pourrait totalement changer la perspective des jeunes en ce qui concerne l’écoresponsabilité.

On pourrait inventer des types de poubelles intelligentes, capables de trier automatiquement les déchets une fois que ceux-ci y sont jetés. Cela permettrait de limiter les erreurs qui arrivent souvent chez les gens qui ne connaissent pas les différences entre les couleurs des poubelles et les types de déchets, qui ne parviennent pas à faire l’association correcte. Ce serait aussi une manière de stimuler les jeunes et également les adultes à faire le tri sélectif, une étape incontournable sur la voie de l’implémentation de l’esprit écoresponsable.

Compte tenu des nombreuses visites des stagiaires de la Bêta-Pi en Roumanie et de l’impact éminemment positif de ces échanges sur l’enseignement francophone de notre région, on croit vivement que le partenariat avec les deux associations doit se poursuivre afin de permettre l’accès des élèves et des professeurs de FLE du département à des possibilités de développement linguistique et culturel introuvables autrement. L’Alliance Française, c’est tout d’abord une histoire des interactions dans le contexte plus large de la francophonie, c’est une inlassable ouverture vers autrui, une connexion qui ne saurait exister sans bénéficier de forts liens ailleurs, avec d’autres institutions dont le programme est plus ou moins pareil au sien, étayé sur les mêmes valeurs de la coopération et de l’intégration. Ainsi l’Alliance Française de Ploiești mise-t-elle sur la perpétuation de ce partenariat qui l’aidera à renforcer sa position dans la merveilleuse constellation de la francophonie et à parfaire ses missions éducatives, culturelles, sociales et humaines.

Alexia Isvoranu, Alliance Française de Ploiești, Université Pétrole-Gaz de Ploiești, lauréate internationale du concours Défi Inter-Alliances 2024