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Ariane Ascaride à l’Alliance Française d’Arménie

L’Alliance Française d’Arménie accueillait jeudi 13 janvier Ariane Ascaride, comédienne, cinéaste, scénariste et auteur française, lauréate de plusieurs prix internationaux. Sa visite n’est pas passée inaperçue.

 Profitant du passage en Arménie de l’actrice, l’Alliance Française d’Erevan a invité la comédienne et scénariste française Ariane Ascaride à assister à la projection du film de Robert Guédiguian, son mari, « Marie-Jo et ses deux amours ». Ariane Ascaride y tient-là l’un de ses très grands rôles, déchirée d’une même mais impossible passion amoureuse pour Daniel, son époux, et Marco, son amant. Son interprétation magistrale lui a d’ailleurs valu une nomination en France aux Césars 2003. À l’issue de la projection, les spectateurs ont bien sûr posé de nombreuses questions, sur le jeu des protagonistes, les rapports avec « sa bande » de copains, à l’écran comme à la ville, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Simon Abgarian, acteurs fétiches de son mari – Gerard Meylan qui n’est autre que son témoin de mariage, confie-t-elle.

Les débats ont soudain pris une tournure beaucoup plus animée lorsque la comédienne s’est étonnée que personne ne l’interrogeait sur tous les « tabous » que le film soulevait et notamment ses nombreuses scènes dénudées, bien que pleines de pudeur. Dans une Arménie sommes toutes plutôt traditionaliste, on sentait bien en effet, toute la retenue polie, presque timide, de son auditoire. Ariane a pris le taureau par les cornes et dans un exposé technique plein d’anecdotes sur les détails imposés par les nécessités du tournage, l’artiste s’est lancée dans un plaidoyer pour la liberté des femmes et de leur droit à disposer de leur corps comme elles le souhaitent. Le sujet n’a pas manqué d’enflammer le public de l’Alliance française.

L’Arménie est loin d’être une terre inconnue pour la comédienne, l’histoire qui les lie est forte et déjà ancienne. À commencer par celle de son mari, Robert Guédiguian, arménien d’origine. C’est toutefois de façon presque fortuite qu’ensemble ils ont découvert la petite république caucasienne, en 2000, lors d’une rétrospective des films de Robert donnée à Erevan, l’arménité de Robert se résumant à des souvenirs de famille liés au génocide. Ils y reviennent depuis presque tous les ans, Ariane Ascaride dit être « tombée amoureuse » de l’Arménie. À tel point qu’en 2006, c’est elle qui imagine avec la romancière Marie Desplechin le scenario du « voyage en Arménie » que Robert ira bien sur tourner sur place et pour lequel Ariane, dans le rôle d’Anna, remportera le titre de meilleure actrice au Festival de Rome.

Venue seule cette fois, l’Italienne de Marseille avait répondue présente à l’invitation d’un autre français d’origine arménienne, Serge Avedikian, récent fondateur à Erevan d’un centre de formation bilingue à l’art théâtral (« l’atelier d’art dramatique »). Maître de stage, Ariane souhaitait apporter quelque chose à ces jeunes dont certains ont connu la guerre. « Je voulais au moins leur apporter mon soutien, leur dire que l’on n’a pas le droit de faire disparaître un pays, sa culture, son peuple et ses traditions, qu’il faut continuer à lutter pour l’Arménie. Ces jeunes avec qui je travaille depuis une semaine, me donnent une sacrée leçon de force et de persévérance. Je sens qu’ils sont extrêmement angoissés et quand je leur demande de parler ce dont ils ont envie, 70% d’entre eux me parlent de la guerre. C’est très impressionnant pour moi ».

La tournée arménienne d’Ariane Ascaride a été suivie par plusieurs médias arméniens dont le journal francophone le Courrier d’Erevan et la première chaîne de la télévision arménienne qui en a diffusé le reportage dans son émission matinale en direct  » Aravot luso« , « De bonne heure le matin ».

Olivier Merlet et Lusine Abgaryan

Crédit photos :  Olivier Merlet – Zarouhi Hovhannissyan