Nous sommes le 29 février 2020, à Seattle. L’avenir nous paraît bien incertain alors que la pandémie a atteint le continent nord-américain via l’état de Washington. Le gouverneur annonce l’état d’urgence sanitaire et une foule de questions se posent : comment adapter notre centre de langue à ce contexte inédit ? Comment maintenir la même interactivité dans l’enseignement malgré les règles de distanciation sociale ? Très vite, une solution s’impose : les cours de l’Alliance Française de Seattle devront désormais prendre place en ligne. Depuis le 12 mars, grâce à la réactivité de notre équipe, 100 % de nos classes ont lieu sur la toile. Les leçons sont complétées par des contenus additionnels et un espace d’échange spécifique à chaque classe.

ourtant, les cours en ligne ne suffisent pas ; il est en effet un autre aspect des Alliances Françaises qu’on tend parfois à sous-estimer. Si nos organisations sont d’abord des lieux d’enseignement, elles sont aussi des lieux de rencontre, où les idées s’échangent entre deux classes, où les différents niveaux de français s’entremêlent et s’entraident, où naît un esprit de communauté centré sur l’apprentissage. Partant de l’importance de la pause-café à l’AFSeattle, relevée par une étudiante, nous avons donc opéré une transposition toute naturelle. Un matin par semaine, depuis le début du mois d’avril, nos étudiants ont la possibilité de participer à un «Morning Coffee» en ligne : trente minutes de discussion informelle guidées par l’un(e) de nos professeur(e)s, à 8h45, avant le premier cours de la journée. Les personnes moins matinales choisiront plutôt de prendre part à notre « Happy Hour », un vendredi sur deux à 17h30, afin de célébrer la fin de semaine en français dans une atmosphère détendue.

Dans les conditions inédites que nous connaissons, le public habituel de l’AFSeattle, curieux et actif, aspire à des événements qui brisent la routine de son confinement. Il nous a donc paru important de réadapter notre programmation culturelle et de proposer divers événements en ligne. L’adaptation de notre offre à Internet -et à la culture qui l’accompagne- s’appuie ainsi sur trois piliers : la gratuité, l’accessibilité et l’efficacité. Ces principes s’appliquent tout d’abord à notre ciné-salon hebdomadaire, mais plus encore aux Rencontres de l’Alliance, une série de courtes conférences données par des acteurs locaux en lien avec le français ou le monde francophone. Ces dernières semaines, nous avons eu le plaisir de recevoir Michael Sobel, photographe à Seattle ; Emmanuel Lebrun-Damiens, Consul général de France à San Francisco ; Vivian Hua, directrice du Northwest Film Forum ; et Colleen Schafroth, directrice du musée Maryhill. Chaque conférence consiste en une présentation de quinze minutes par notre invité sur un sujet précis, suivie d’une session de questions-réponses, de quinze minutes également. Courtes et impactantes, et soutenues par une communication active sur les réseaux sociaux, les Rencontres de l’Alliance ont même permis à l’AFSeattle d’attirer un public nouveau.

Cette crise aura été une épreuve pour toutes les organisations, et en particulier les plus petites, mais il est nécessaire de garder à l’esprit qu’une crise est aussi une source d’opportunités, et que l’adversité est parfois le meilleur des professeurs. À l’Alliance Française de Seattle, nous avons appris comment atteindre et impliquer un public différent, qu’il soit contraint géographiquement ou financièrement, ou bien qu’il ne puisse consacrer un temps trop important à son attrait pour les cultures francophones. Si nous avons évidemment hâte de pouvoir à nouveau accueillir nos étudiants dans nos salles de classe, nous continuerons dans le futur à proposer cours et événements en ligne, forts de l’expérience acquise ces derniers mois.

Quentin Carriou, stagiaire en marketing et programmes culturels, Alliance Française de Seattle