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Porto Alegre (Brésil), envahi par le théâtre !

Du 5 au 15 avril 2015, la capitale du Rio Grande do Sul (Brésil) a été investie par 26 compagnies de théâtre de rue, présentant 76 spectacles et réunissant plus de 150 000 spectateurs. À l’occasion du 7ème festival international de théâtre de rue de Porto Alegre, soutenu par l’Alliance française, l’Institut français et l´entreprise Timac Agro, les troupes françaises ont été mises à l´honneur.

La compagnie l’Homme Debout, et son “spectacle semi-déambulatoire” a suscité beaucoup d’enthousiasme. Venus, une marionnette géante à la démarche onirique, s’est promenée au bord du fleuve Guaiba et dans les allées du parc de la Redenção, deux lieux emblématiques de la ville. Pour la monter, la compagnie a fait participer les volontaires locaux, manifestant le caractère fondamentalement démocratique du théâtre de rue. À travers les pas de Venus, Benoît Mousserion et son équipe cherchent à mettre en scène les chemins intérieurs qui nous traversent, qui se croisent et s’entrechoquent parfois. Aux pieds de ce pantin de 7 mètres de haut, c’est tout l’espace urbain qui se trouve enveloppé par sa figure lente et lumineuse ; la ville elle-même compose l’oeuvre d’art !

À côté de la performance poétique de l’Homme Debout, la compagnie Kumulus dirigée par Barthélémy Bompard a apporté une dimension radicalement critique au festival. Là encore, les exigences démocratiques et politiques figuraient au premier plan du spectacle: “La culture doit être accessible à tous sans barrière financière (…) Nous essayons de perturber le quotidien, d’interpeler les personnes, de les questionner”.

Silence encombrant, le titre du spectacle, est un défilé bien particulier au pays du carnaval : une benne à ordure déverse des déchets en tout genre (chaussures trouées, bidons, caddies de supermarchés et autres boîtes de conserve) sur l’avenue principale de Porto Alegre. À sa suite, voici des individus, eux-mêmes proches de l’état de détritus humain, qui tirent à la force des bras cette décharge vivante. À l’heure où l’humanité est mise en péril par sa propre consommation, Silence encombrant, évoque une vision de l’homme devenu lui-même en trop, en vrac, bon pour la casse… Humanité-débris, est-il possible de vivre ensemble dans une perspective apocalyptique?

Les artistes et le public gaúcho du Rio Grande do Sul ont répondu massivement à cette invitation culturelle et politique. Déjà, la 8ème édition se prépare sur le site du festival >>

Lucas Levert, Alliance française de Porto Alegre